Ces derniers jours, ministres et snipers de la macronie se relaient sur les plateaux pour ressasser leur poncif nauséabond : la France Insoumise aurait « fait le choix de sortir de l’arc républicain ».
Dénué du moindre argument, il s’agit manifestement d’un contre-feu sensé détourner la colère des Français du pouvoir vers son principal contre-pouvoir.
Car le Président et ses affidés savent qu’ils sortent largement détestés de la séquence, après avoir imposé la retraite à 64 ans sans vote à l’Assemblée et contre l’avis de toute l’intersyndicale et des millions de personnes qui ont manifesté durant six mois. Il leur faut donc « tourner la page » mais aussi tenter de décrédibiliser et diviser leur premier opposant politique dans cette bataille : la NUPES. En diabolisant sa principale composante : la France Insoumise. Stratégie éculée, puisque Elisabeth Borne s’y adonnait déjà il y a près d’un an sur le plateau de l’émission Quotidien : sous les yeux médusés des journalistes et chroniqueurs, la Première ministre essayait d’expliquer que les députés insoumis n’étaient pas républicains… parce qu’ils n’étaient pas d’accord avec elle.
Affabulant sur notre prétendue « sortie de l’arc républicain », la macronie cherche aussi à faire oublier que c’est elle qui est accusée par toute une série d’institutions indépendantes et internationales de dérive autoritaire : Défenseure des droits, contrôleurs des lieux de privation de liberté, Commission des droits de l’Homme de l’ONU, Union européenne ont condamné la répression policière des mouvements sociaux sur les retraites, les arrestations de militants écologistes avec les moyens de l’antiterrorisme, les dissolutions, retraits d’agrément et menaces sur les financements publics d’associations… Les Insoumis n’y sont pour rien et ont même tout fait pour s’y opposer ! Jean-Luc Mélenchon n’est pas l’auteur du tir sur Nahel qui a embrasé les banlieues et ce ne sont pas les militants insoumis qui pratiquent les contrôles d’identité abusifs quotidiens dans les quartiers.
Si la méthode est particulièrement détestable – d’autant qu’elle contribue à dédiaboliser toujours plus l’extrême-droite qui n’attendait que ça – elle n’est malheureusement pas étonnante de la part du camp au pouvoir. C’est ce que révèle crument l’actuelle commission d’enquête du Sénat sur le « fonds Marianne ». Créé par Marlène Schiappa au lendemain de l’assassinat de Samuel Paty, prétendument pour lutter contre les discours terroristes islamistes, on découvre aujourd’hui qu’il a surtout permis de payer grassement des proches de la ministre pour dénigrer les opposants à Emmanuel Macron lors de la dernière campagne présidentielle, et en premier lieu Jean-Luc Mélenchon. Visiblement, le sulfureux Mohamed Sifaoui continue de distiller ses conseils en éléments de langage à la macronie. Et l’on comprend mieux pourquoi Madame Schiappa aura été protégée jusqu’au bout. Encore une histoire à faire oublier, un énième motif pour allumer un contre-feu.