Le 8 mai 2023, le député Maxime Laisney a fait une allocution lors de la cérémonie de commémoration à Brou-sur-Chantereine
Voici le texte de l’allocution :
” En ce jour, nous commémorons la capitulation de l’Allemagne nazie le 8 mai 1945. Une capitulation qui précipitera la fin de la Seconde Guerre Mondiale, laquelle aura entraîné la mort de plus de 60 millions de personnes sur le globe, et enrôlé nombre d’hommes et de femmes, militaires et civils, dont certains sont toujours ici pour témoigner ; c’est dire que 1945 ne se trouve encore qu’à une encablure de vie humaine.
Cette victoire, nous la devons au sacrifice de toutes celles et ceux engagés dans les forces armées alliées comme dans la Résistance. Des forces alliées qui comptaient notamment l’Armée rouge, qui aura perdu plusieurs millions de soldats dans les combats, contribuant largement à faire cesser ceux-ci sur le continent, quand c’est aujourd’hui la Russie de Poutine que y ramène la guerre à travers son agression de l’Ukraine.
Des Résistants et Résistantes aussi, qui, comme le rappelait Raymond Aubrac, étaient pourtant taxés à l’époque de « terroristes » aussi bien par les nazis que par le régime de Vichy et le Maréchal Pétain. Pétain dont la devise était « Travail, Famille, Patrie », une devise dont l’écho se fait encore parfois entendre et qui doit attirer notre plus grande vigilance, par exemple quand certains reprennent, à l’occasion du 1er Mai, le thème de « la fête du Travail et de la Nation » en lieu et place de la « Journée internationale de lutte pour les droits des travailleuses et travailleurs ».
Résister en 1940, c’est par exemple ce qu’ont dû faire les Juifs du ghetto de Varsovie, dont Arié Wilner, qui dira : « Nous ne nous battons pas pour sauver notre vie. Personne ne sortira vivant d’ici. Nous voulons sauver la dignité humaine ».
Résister aujourd’hui, ce n’est plus prendre les armes, mais c’est d’abord préserver la paix en s’opposant à tout ce qui peut ressembler à ce qui a conduit à la guerre. En étudiant la presse française de 1938, le philosophe Michaël Foessel a bien montré en quoi une société peut insidieusement se « fasciser » tout en restant dans un cadre d’apparence républicaine, notamment en détournant la colère sociale légitime en frustration identitaire. Il rappelle également que Pétain, pour imposer un régime autoritaire, n’aura eu qu’à puiser dans un attirail législatif hérité des reculs précédents, sans doute jugés trop vite comme anodins.
Résister aujourd’hui, c’est donc défendre la démocratie, c’est-à-dire le pouvoir au peuple et aux représentants qu’ils s’est donnés. C’est défendre les libertés fondamentales, individuelles et collectives. C’est défendre l’idéal républicain incarné dans son triptyque « Liberté, Egalité, Fraternité » et qui doit s’actualiser régulièrement dans nos institutions. C’est défendre l’héritage du Conseil National de la Résistance, programme social quasi-révolutionnaire pensé en même temps que le combat contre l’occupation, comme sa deuxième jambe nécessaire, son débouché légitime.
Résister aujourd’hui, c’est enfin faire œuvre de mémoire pour éviter le retour des monstres du passé. La mémoire de la Shoah, qui aura vu le régime nazi tenter d’exterminer les Juifs jusqu’à son dernier souffle. Une abomination rendue possible par le poison de l’antisémitisme, qu’il faut combattre sans relâche, comme tous les racismes, comme toutes les discriminations, comme toutes les dominations. Toutes ces idéologies empreintes de haine, mais dont la première pierre repose sur le refus de l’égalité, et qui ne peuvent, en fin de compte, que conduire à la guerre.
Gloire aux combattantes et combattant pour la liberté et la paix, d’hier et d’aujourd’hui.
Vive la République, vive la France”