Maxime LAISNEY (13)

Qui suis-je ?

Je m’appelle Maxime Laisney. J’ai 41 ans, je suis « instit » depuis quinze ans, pacsé à ma compagne Nathalie, nous sommes propriétaires d’une petite maison à coté de Chelles (du moins quand nous aurons terminé de rembourser notre crédit…).

Enfance et jeunesse

Je suis né en 1981. Année de la victoire de Mitterrand, qui donnera la 5ème semaine de congés payés, les 39 heures, la retraite à 60 ans, l’abolition de la peine de mort et du délit d’homosexualité, etc. Bref : ce qu’on pouvait appeler « le progrès ». Dommage que cette véritable révolution sociale par la réforme n’aie duré que deux ans : avec le tournant de la rigueur de 1983, le PS a tourné le dos au peuple – qui le lui a bien rendu.

J’ai grandi en Normandie, dans la Manche. Ma mère était factrice, mon père menuisier. Ils ont divorcé lorsque j’avais trois ans, mon frère un an et demi. Ma mère nous a élevés à peu près seule : elle est assez fière du résultat ; je n’ai pas à me plaindre non plus. 

Elle a beaucoup fait pour nous, notamment en m’emmenant jouer au tennis dans le club où j’ai passé toute ma jeunesse. A 14 ans j’y donnais mes premiers cours aux tout petits, à 18 ans j’en devenais le vice-président, à 22 ans j’y travaillais. J’y ai découvert trois choses : 1) pour vivre des moments de bonheur collectif, il faut réunir une somme d’énergies individuelles, ni plus ni moins ; 2) même dans une simple association, il ne faut pas laisser le pouvoir à ceux qui vont pervertir le projet, il faut parfois oser les remplacer ; 3) il y a deux grandes façons de concevoir l’ambition collective : soit partir de ce qu’on a envie de faire ensemble et s’en donner les moyens, soit s’accommoder de la taille de l’enveloppe (quitte à dévoyer le projet initial…). Cette première expérience de l’engagement aura été fondatrice pour moi.

Entre temps, je suis parti étudier à l’université de Caen en STAPS (Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives). Au bout de quelques mois, j’étais élu représentant de ma Cité-U, puis au CEVU (Conseil des Études et de la Vie Universitaire). Rapidement, j’enchaînais les réunions, les assemblées générales, les manifs… notamment en 2002 lorsque Jean-Marie Le Pen se retrouva au second tour de l’élection présidentielle contre Jacques Chirac. A cette époque, je compris à nouveau deux choses importantes : 1) même une noble institution comme l’université est traversée par des intérêts, des enjeux de pouvoir et des dominations de toutes sortes qui pèsent beaucoup plus que quatre étudiant·es déterminés dans un conseil ; 2) plutôt que de gaspiller mon temps et mon énergie à me battre contre des réformes qui sont systématiquement synonymes de régressions, je ferais mieux de m’impliquer en politique pour participer à la prise du pouvoir et à la mise en œuvre d’un programme au service du peuple dont j’étais issu.

Parcours militant

Mais la vie m’emmena peu après à Montpellier, où je préparais mon concours de professeur des écoles, renonçant donc à toute forme d’engagement pour optimiser mes chances de réussite. Hélas, en 2005, le Traité Constitutionnel Européen me rattrapait comme tout le monde : avec mes amis colocataires, nous nous lancions doucement mais sûrement dans la bataille… jusqu’à la victoire ! Je garde le souvenir d’une formidable campagne d’opinion, à la fois populaire et qui faisait vraiment confiance à l’intelligence des gens. C’est à cette occasion que je rencontrais Jean-Luc Mélenchon, dont j’appréciais la cohérence intellectuelle autant que la radicalité. Je rejoignis d’abord l’association d’éducation populaire PRS (Pour la République Sociale) qu’il avait lancée en-dehors du PS, puis je fondais avec lui et une poignée d’autres le PG (Parti de Gauche). Je m’y impliquais notamment dans l’organisation des événements du parti et y découvrais à la fois « l’agit-prop » (agitation-propagande : façon joyeuse et artistique d’attirer l’attention des passants sur des sujets politiques) et « l’éduc-pop » (éducation populaire : éducation politique du peuple, par le peuple et pour le peuple). Chemin faisant, j’ai joué puis écrit des pièces de théâtre pour la Fête de l’Huma, chanté des goguettes (chansons populaires aux paroles détournées) dans les manifs, fait des « topos citoyens » dans les rues de Paris, animé des formations au « porteur de parole » un peu partout en France, monté une conférence gesticulée avec deux acolytes (« Mourir pour des idées ? Fous rires pour s’engager ! »)… 

Puis Jean-Luc lança la FI (France Insoumise), pour laquelle j’ai également animé plusieurs événements, avec comme boussoles l’implication populaire et l’intelligence collective. Aux élections législatives de 2017, je fus le candidat FI sur la 10ème circonscription de Seine-et-Marne. Heureux qualifié pour le second tour, je réalisais (grâce aux nombreux militant·es du secteur et aux voix des électrices et électeurs) 43,7 % face à Stéphanie Do, la candidate LREM.

Depuis 2017, en tant qu’instit à l’école de la Grande Prairie de Chelles, je me suis surtout investi dans la lutte contre les réformes de Jean-Michel Blanquer, notamment en animant le collectif « Chelles en colère », qui réunissait des enseignant·es et parents d’élèves de toute la ville et de la maternelle au lycée. Cette mobilisation fut très riche en actions et en contacts humains et, si nous n’avons pas gagné sur tous les tableaux, nous sommes passés de 10 fermetures de classes dans les écoles de la ville au lancement du collectif à 12 ouvertures la rentrée dernière. Preuve que les seuls les combats perdus d’avance sont ceux que l’on ne mène pas.

Instit

L’envie de devenir « instit » (mot dans lequel je me reconnais beaucoup plus que le terme officiel de « professeur des écoles ») m’est venue au cours de mes études. Cela n’avait rien d’évident, puisqu’aucun membre de ma famille n’est enseignant. Mais j’avais toujours encadré des enfants dans mon club de tennis et j’ai découvert les sciences de l’éducation à l’université, ensemble de disciplines qui m’ont tout de suite passionné. 

Mes premiers stages en formation m’ont confirmé dans mon choix et pourtant, je me souviens m’être dit à l’époque : « ce métier est juste impossible… ». Je n’ai pas vraiment changé d’avis, mais il m’arrive néanmoins régulièrement de me dire, lorsque je suis à l’école, « je suis exactement là où j’ai envie d’être ».

Après sept années passées à sillonner le nord du département comme « brigade » pour les enfants issus de familles itinérantes et de voyageurs, j’ai choisi de reprendre une classe et de me poser dans une école, celle de la Grande Prairie à Chelles. C’est beaucoup plus de travail, mais je ne le regrette absolument pas. J’aime accompagner un groupe d’élèves sur une année complète, enseigner toutes les matières pour faire des liens entre elles et donner du sens à l’ensemble des apprentissages, conduire des projets artistiques qui portent des messages forts alliés au plaisir esthétique, et voir le bonheur des enfants et la fierté dans les yeux des parents qui voient leurs bambins chanter un opéra. Je me sens utile chaque fois que j’enseigne les sciences et la géographie qui permettent de comprendre les enjeux environnementaux, ou l’histoire et l’éducation morale et civique qui offrent l’occasion de parler de liberté, d’égalité et de fraternité, de laïcité et de démocratie. Bref, chaque fois que je sens la République se construire dans la classe, modestement mais sûrement.

Malheureusement, le moins que l’on puisse dire est que la tâche des enseignants n’a pas été facilitée par les politiques menées depuis 2017, Jean-Michel Blanquer nous poussant plus souvent à manifester qu’à travailler au service de nos élèves. 

Un peu du reste

Quand j’ai une heure de disponible, j’aime bien jouer de la guitare. Quelques reprises de balades rock en acoustique, des compositions en tous genres pour le pur plaisir de créer, une session d’impro à la guitare électrique sur un standard de blues… Des parenthèses enchantées qui vident la tête. 

Je lis aussi beaucoup (mais pas assez). L’hebdomadaire Politis auquel je suis abonné, le mensuel Le monde diplomatique que je lis dans le bus pour aller et rentrer du travail… Et tous les soirs, juste avant le coucher, quelques pages d’un roman.

Côté sport, j’ai arrêté le tennis quand j’ai dû quitter mon club de cœur. Alors c’est surtout le VTT sur la Dhuys quand la météo s’y prête. Et la corde à sauter dans mon salon pour rester en forme pour l’été…

Car l’été, c’est la montagne, dont je suis définitivement tombé amoureux. Avec Nathalie, nous y faisons du camping (presque) tous les ans, écumant en randonnée les grandioses vallées des Alpes, avec une préférence pour le sublime et sauvage massif des Écrins. L’occasion aussi de prendre un peu de hauteur avec l’escalade et l’alpinisme… et de retrouver les amis ! 

Maxime Laisney

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